ÉTYMOLOGIES BIZARRES OU AMUSANTES  

ABERRATION
Une aberration, du latin aberrare, "s’éloigner, s’écarter", est à l'origine un terme d'astronomie signifiant un écart entre la direction apparente d'un astre et sa direction réelle, écart dû aux mouvements de la Terre. Ce mot a pris la forme conceptuelle qu'on lui connaît actuellement (absurdité, non-sens) à la fin du 18e siècle.

ALBUM
Le mot album vient de l'adjectif latin albus qui signifie "blanc". Chez les romains, ce mot désignait un tableau blanchi au plâtre sur lequel on inscrivait le nom des personnages officiels, sénateurs ou juges. En France, le mot ne réapparaît qu'au 18e siècle avec l'invention du livre d'or qui, reprenant l'idée de liste de personnes de l'album romain, est appelé album amicorum, l'album des amis, puis plus simplement "album".

ALOPÉCIE
L'alopécie est la chute ou l'absence, partielle ou généralisée, des cheveux ou des poils. Ce mot vient du grec alôpex, qui signifie "renard". Probablement en comparaison avec la chute annuelle des poils de cet animal.

BACCALAURÉAT
Ce mot a des origines gauloises et latines. En gaulois, le mot baccalaris signifie "jeune paysan" et a évolué dans le français sous la forme "bacheler" (jeune noble sans terres). En latin, c'est le mot laureatus, qui signifie "orné de lauriers", qu'on retrouve dans le mot français "lauréat". La fusion des termes baccalaris et de laureatus a donné le terme "baccalauréat"...

BAGNE
Le mot "bagne" est issu de l'italien bagno, "établissement de bains". Autrefois, cet établissement était le lieu où était subie la peine des travaux forcés ou de la relégation.

BARAGOUINER
Le verbe baragouiner a deux histoires : l'une populaire, l'autre savante. L'histoire populaire voudrait que baragouiner soit la contraction de deux mots bretons : bara "le pain" et gwin "le vin". Ces mots étaient fréquemment employés par les bretons qui entraient dans les tavernes où l'on parlait français en demandant bara ha gwin (du pain et du vin). L'autre histoire voudrait que baragouiner vienne du latin barbaracuinus qui signifie "barbare". Dans les deux cas, baragouiner désigne le fait de parler une langue de façon incompréhensible.

BÉQUILLE
Le Larousse nous dit que ce mot est issu de "bec" et du latin anaticula, "petit canard". Bizarre, non ? Pas tant que ça, car, d'après le Dictionnaire de l'Académie française, on appelle "béquille", en termes de serrurerie, la poignée d'un bec-de-cane.

BLAGUE
La blague à tabac était faite autrefois d'une vessie de porc. La blague, dans le sens de farce, de plaisanterie, a un lien commun avec la blague à tabac : en ancien français, une vessie est un gros mensonge, probablement par analogie avec vesse : du vent.

CHANDAIL
Le mot chandail, qui signifie "gilet sans boutons", est né au siècle dernier dans les halles. Il s'agit en réalité d'une abréviation populaire de "marchand d'ail" en "chand d'ail" que criait les marchands d'ail pour attirer la foule. Très vite, ce mot a servi à désigner le gros tricot qui les protégeait des intempéries.

CHARABIA
Le charabia est un langage inintelligible, confus. Ce mot est issu de l'espagnol algarabía, "baragouin, jargon, algarade", lui-même issu de l'arabe al arabiya qui signifie "la langue arabe".

CHEVET
Le chevet est un mot issu du latin caput, capitis, qui signifie "tête". En fait, c'est la partie du lit où l'on pose la tête.

CHEVILLE, CLAVICULE, CLAVIER

Cheville et clavicule sont tous deux issus du même mot latin clavicula, "petite clef". La clavicule est l'os qui sert d'arc-boutant à l'épaule, et que l'on a ainsi appelé parce qu'on l'a comparé à la clef d'une voûte. Quant à cheville, il ne s'agit pas seulement d'un terme qui désigne une partie du pied, mais aussi d'un morceau de bois ou de fer court et arrondi, dont on se sert pour boucher, ou assembler, ou accrocher. Origine quasi identique pour clavier. Avec une différence pourtant : ce mot vient de clavis (clef).

CIMETIÈRE
Ce mot provient du grec koimêtêrion qui signifie "dortoir" et signifie donc un lieu de repos.

CONCUBINAGE
Le concubinage (du latin concubinare "coucher avec"), était longtemps dénigré comme portant atteinte à la famille. Si l'église était favorable au concubinage chez les prêtres avant le 5e siècle, elle le condamna par la suite : les concubins vivaient dans le péché et étaient considérés comme des criminels.

CONFETTI
Les confetti (attention, pas de "s" au pluriel) sont des petites rondelles de papier coloré qu'on se lance dans les fêtes. C'est en Italie que le confetti est né, mais il s'agissait alors de dragées que les gens lançaient par poignées lors du Carnaval. Confetti signifie "dragée" en italien, pluriel de confetto. Les français adoptèrent les "confetti" pour saluer le Carnaval de Nice, mais c'était au début de petites boulettes de plâtre colorées puis, plus tard, ils utilisèrent les rondelles de papier qu'ils nommèrent "confetti parisien".

COQUELICOT
De l'ancien français coquelicoq, puis coquelicot ou coquerico, ce mot était avant tout une onomatopée désignant le coq. La fleur, dont le rouge se comparait au rouge de la crête du coq, prit cette appellation, coquelicot, depuis le 16e siècle.

COQUELUCHE
En fait, le mot "coqueluche" dérive du latin cucullus, "capuchon". Autrefois, les malades se couvraient la tête d'un coqueluchon (capuchon) pour camoufler une lésion ou une affection visible - la maladie effrayait... D'autre part, les médecins recommandaient aux malades de cette sorte de grippe de se protéger la tête du froid. La coqueluche sert alors à désigner aussi bien la maladie que le capuchon. Au 17e siècle, le vêtement, la coqueluche, se métamorphose en une parure à la mode que vêtent les jeunes gens et prend la forme d'un manteau de drap fin ajusté à la taille. à la cour d'Henri III on appelait la plus belle coqueluche l'élégant qui, vêtu de sa plus belle coqueluche, embrasait les coeurs et avait le plus de succès auprès de la gent féminine. Le sens est resté : lorsqu'on s'engoue d'une personne, qu'elle est en vogue, celle-ci devient "une coqueluche".

CRÉTIN
Crétin est un mot d'origine suisse. Le crétin est une personne qui, habitant sur les crêts, boit de l'eau trop pure. Cette eau qui ne circule pas dans le sol n'a pas la possibilité de se charger en minéraux, d'iode en particulier. Le manque d'iode provoque plusieurs pathologies dont les principales sont l'idiotie et le goitre. à l'état endémique, lorsque le manque d'iode est permanent, on parle de crétinisme.

DIABLE
Le mot "diable" a beaucoup d'origines, du grec entre autres, diábolos, mot qui signifie étymologiquement "qui désunit", dérivé du verbe diabállô, "lancer à travers"... En grec classique, diábolos signifie "qui médit, qui calomnie".

DISPUTER
Le verbe disputer est issu du préfixe latin dis et de putare, "penser". Au 12e siècle, il signifiait alors "examiner", "discuter", "débattre"... Nous voilà bien loin du sens qu'il a pris depuis le 17e siècle : "rivaliser avec, (se) quereller".

DIVAN
Ce mot vient du persan, diouân qui signifiait "conseil". Au 16e siècle, dans les pays du Levant, le Divan était un Conseil suprême, un tribunal, une assemblée de notables qui siégeaient sur des coussins : le Divan impérial. Il était donc coutume, en ces temps-là, d'assembler le divan, dont le Grand vizir était le chef.

ÉCHALOTE
Du latin ascolonia cepa, "oignon d'Ascalon". Les croisés importèrent cette plante potagère voisine de l'oignon en occident après le siège d'Ascalon, à la fin de la Première Croisade. La ville ancienne d'Ascalon était l'une des cinq capitales des Philistins du XIIe au Xe siècle av. J.-C., La ville actuelle, Ashkelon, se situe en Israël, sur la côte méditerranéenne.

ÉCHEC ET MAT
Le jeu d'échecs fut inventé en Inde au 6e siècle puis s'implanta en Perse avant de s'installer en Europe... C'est en Perse qu'il fut désigné par le nom qu'on lui connaît aujourd'hui : lorsque le pion figurant le roi du joueur adverse était sur le point de succomber, le vainqueur disait shâh mât ce qui signifiait "(le) roi (est) mort". Ce qui a donné, en français "échec et mat".

ENTRECHAT
Non, nul félidé à l'origine de ce pas de danse, alors...? Vous donnez votre langue au chat ? Ce mot est issu de l'italien intrecciata, qui signifie "entrelacé".

FAMILLE
En latin classique, familia est en effet lui-même issu du mot familius, serviteur. La familia romaine est l'ensemble des esclaves attachés à la maison du maître. Progressivement, la "famille", définissant donc d'abord ceux qui vivent sous le même toit, maîtres et serviteurs, sous l'autorité du pater familias, chef de famille, en est arrivée à signifier les membres de la maison unis par les liens du sang. Il faut en réalité attendre la fin du XVIe siècle pour que la famille soit pleinement reliée à la parenté.

FOIE
Foie vient du latin ficatum, "foie d'oie engraissée avec des figues". Les Grecs avaient coutume d'engraisser les oies en leur faisant manger des figues, ce qui rendait succulent le foie de l'animal. Ce plat si délicat s'appelait hepar sykôtón (de sycôn, "figue"). Le Romain traduisit en latin, ficatum, de ficus "figue". Les transformations phonétiques ont fait de ce vocable ficato, fégato pour devenir "foie" en français.

FROMAGE
Ce mot vient du latin caseus formaticus. Caseus désignait "l'aliment obtenu par la coagulation du lait" et formaticus la forme, le formage... En ancien français du 12e siècle, le mot qui servait à désigner le fromage était tout d'abord "forme", puis "formage" au 13e siècle, pour finalement, les langues ayant fourché sur la première syllabe, permuter en "fromage".

FRUSTE
Vient de l'italien frusto, "usé". Cet adjectif s'employait autrefois pour désigner une médaille, une pierre ou une monnaie effacée, altérée, ou défectueuse dans sa forme. En fait, c'est de façon tout à fait incorrecte que, depuis 1932, cet adjectif acquit le sens qu'on lui connaît actuellement et qui désigne un homme fruste, c'est à dire un homme inculte, grossier, rustre.

GARCE
Le mot "garce" était - le féminin de garçon. Il n'avait aucun sens péjoratif et signifiait simplement jeune fille. Il est devenu dans la langue moderne un terme injurieux et grossier : garçon s'est purifié, mais garce s'est dégradé.

GRÉ
Savoir gré de quelque chose à quelqu'un : "Je vous saurais gré de bien vouloir..." En fait, gré est un nom masculin synonyme de gratitude, reconnaissance. Il est invariable et s'emploie, dans cette locution, avec le verbe savoir. Autres utilisations : au gré de (selon la convenance, les goûts de quelqu'un), bon gré mal gré (volontairement ou forcé), de son plein gré (volontairement).

GRÈVE
Jusqu'au 19e siècle, la Place de Grève était une place de Paris (aujourd'hui la place de l'Hôtel de Ville). Elle était ainsi nommée en raison de sa proximité avec le quai de la Grève (quai en pente douce plongeant dans la Seine). C'est sur cette place que se rencontraient entrepreneurs et personnes à la recherche d'un emploi. Lorsqu'un salarié n'était pas satisfait de son travail, il se mettait en grève, c'est-à-dire qu'il retournait sur la Place de Grève à la recherche d'un emploi meilleur. Le sens du mot a évolué lorsqu'au début du 19e siècle, les ouvriers mécontents de leurs conditions de travail se sont "mis en grève" en se réunissant sur la place du même nom.

KALÉIDOSCOPE
Le kaléidoscope a été inventé par le physicien écossais Sir David Brewster au milieu du 19e siècle. Kaléidoscope nous vient donc de l'anglais. Il est composé de trois racines grecques : kalos, "beau", eidos, "forme" et skopein, "observer". Un kaléidoscope est donc un appareil dans lequel on observe de belles formes.

KANGOUROU
Quand les Anglais arrivèrent en Australie, ils furent étonnés de voir un étrange animal qui faisait des bonds incroyables. Immédiatement ils appelèrent un indigène et l'interrogèrent au moyen de signes. Ils notèrent que les indigènes disaient "kan ghu ru", ce qu'ils transcrirent par "kangourou". Or les linguistes détermineront quelques temps après que les indigènes voulaient simplement dire : "je ne comprends pas" !

LOUFOQUE
"Loufoque" est un dérivé de "fou". Si de nos jours nous nous amusons à parler le verlan, au 19e siècle, on parlait le "lem" ou le "loque". Ce langage codé fut inventé et mis au point par la Corporation des bouchers parisiens, qui le pratiquaient entre eux pour éviter de choquer leur clientèle par leurs propos salaces ! Il consistait à ajouter l'une des deux syllabes "lem" ou "loque" à la fin d'un mot et à intervertir la première lettre avec le "l" de "lem" ou de "loque". Fou fut ainsi traficoté en recevant le rajout de "loque" et devint fouloque, puis loufoque en intervertissant le "l" avec le "f".

MALOTRU
Ce terme, issu du latin male astrucus, "né sous une mauvaise étoile", désigne une personne grossière et mal élevée.

MANCHOT
Non, rien à voir avec des manches. Le mot manchot a pour origine latine mancus signifiant "manquant". Buffon utilisa ce terme du fait de l'atrophie de leurs ailes.

MANSARDE
Une mansarde est une pièce sous le toit, un comble brisé avec un ou deux murs inclinés. Sa création est attribuée à François Mansart (1598-1666), un architecte français connu pour avoir été le précurseur de l'architecture classique en France.

MARIONNETTE
L'étymologie de ce mot serait mariolette, dit par altération et diminutif de "mariole", nom qu'on donnait anciennement à de petites figures de la Vierge Marie. Quant à "mariole", connu parce qu'il "fait le mariole", il proviendrait de l'italien mariolo, "filou".

MÉLANCOLIE
Du grec melankholia, de kholê, bile, et melas, noire. Le sens en français, mélancolie, vient du fait que l'ancienne médecine associait cette maladie à la bile noire, prétendument sécrétée par la rate.

MOLESTER
Issu du latin molestare, "ennuyer", il signifiait autrefois "tourmenter de quelque manière que ce soit, inquiéter par des embarras suscités mal à propos". Il en est venu à signifier "houspiller, maltraiter quelqu'un en paroles ou en actions". Aujourd’hui, molester quelqu'un, c’est surtout lui faire subir des violences physiques.

MORBIDE
Si on fait souvent la corrélation du mot "morbide" avec le mot "mort", cela est surtout dû au hasard des consonances. En français, le mot vient du latin morbidus, "malade, maladif", qui lui-même est un dérivé de morbus qui signifie "maladie" : qui est propre à la maladie, pathologique. Ce n'est qu'au sens figuré que le mot a pris l'extension de malsain ou pervers.

MOUSSELINE
La mousseline est un tissu peu serré, léger, fin et transparent. Son nom vient de l'italien mussolina, tissu de Mossoul, ville d'Irak, introduit en Europe par les croisés vers le XIe-XIIe siècle.

NONCHALANCE
Ce mot est composé de non et du verbe en ancien français chaloir, "être d'intérêt pour". Le verbe chaloir est lui-même d'origine latine calere, "avoir chaud" et on le retrouve dans l'expression un peu surannée Peu m'en chaut : "peu m'importe". Nonchalance signifie absence d'ardeur, d'énergie, manque de vivacité. De nos jours, on l'emploie essentiellement pour signifier une attitude affectée ou une lenteur.

NYLON
Son inventeur, Wallace Carothers, s'étant suicidé avant de donner un nom commercial à son polyamide 66, il revint à un comité de trois membres de chez DuPont de faire le choix en 1938. Un des membres proposa "Norun" (pour no run soit « ne s'effile pas »), et changea aussitôt en "Nuron" pour éviter une publicité mensongère, lequel qui fut finalement déformé en "Nylon".

OPPORTUNISME
Opportun est issu du latin opportunus qui signifie "qui conduit au port". L'opportunisme est l'attitude consistant à régler sa conduite selon les circonstances du moment, que l'on cherche à utiliser toujours au mieux de ses intérêts. Y a-t-il un rapport avec "bien mener sa barque" ou savoir "d'où souffle le vent" ? En tout cas les opportunistes arrivent souvent à bon port.

POLTRON
Le mot vient du latin polex truncatus "pouce coupé". Sous l'Empire Romain, pendant le règne de l'empereur Valentinien (364-375), les hommes se coupaient le pouce pour échapper au service militaire. Le phénomène grandissant, les autorités durent prendre des mesures et punir les fautifs, que l'on méprisait alors et que l'on traitait de lâche, et de polex truncatus, pouce coupé.

PORCELAINE
La porcelaine est le nom d'un coquillage et les linguistes sont d'accord pour établir que l'étymologie de ce mot provient du latin porcella, ("truie"), à cause de sa ressemblance avec la vulve d'une truie. Et le matériau ? Son nom lui aurait été attribué par analogie avec le coquillage, mais nul ne sait vraiment pourquoi.

POTRON-MINET (DÈS)
La locution d'origine (attestée en 1640) était « dès le poitron-jacquet ». Elle était composée de l'ancien français poitron issu du latin posterio qui signifie "arrière-train", le tout accompagné de jacquet, qui désignait un écureuil. Elle signifiait donc littéralement "dès que l'on voit poindre le derrière de l'écureuil", c'est-à-dire aux aurores. On trouve ensuite dès potron-jacquet, puis dès potron-minet, par substitution de jacquet par minet, "chat".

RECROQUEVILLER (SE)
Mot composé de croc et de vrille. Un croc est un mot germanique qui signifie "instrument muni d'une ou de plusieurs tiges pointues et recourbées servant à suspendre quelque chose". Quant à vrille, ce mot est d'origine latine viticula, "vrille de la vigne". Cela donne un ensemble très imagé et l'on peut sans peine se représenter un genre de pauvre crochet, tout sec, recourbé et tordu.

SATIRE
L'étymologie du mot "satire" vient du latin satira qui est une variante de satura, "farce". Une satire peut être une pièce de vers dans laquelle l'auteur attaque les vices de son temps, un pamphlet ou un dessin qui s'attaque aux mœurs publiques ou privées, ou qui tourne quelqu'un ou quelque chose en ridicule.

SILHOUETTE
Étienne de Silhouette (1709-1767), ministre des Finances de Louis XV, était connu pour son originalité. Après avoir été renvoyé pour avoir voulu taxer les terres des aristocrates, il passa ses journées à découper des silhouettes dans du papier noir. Il avait pris l'habitude de faire asseoir ses invités près d'un écran de parchemin, les éclairant avec une lampe de sa propre conception et détourant leur ombre. Ainsi furent appelés « à la Silhouette » les portraits réalisés en ombre chinoise et tracés puis découpés d’après l’ombre du visage.

TCHIN-TCHIN
La coutume qui consiste à choquer un verre contre un autre est très ancienne. Elle serait issue du désir d'associer les cinq sens au plaisir de boire en agréable compagnie. On voyait le verre (vue), on le touchait (toucher), on sentait le vin (odorat), on goûtait la boisson (goût) ; il ne manquait que l'audition. Et c'est ainsi qu'on se mit à trinquer en heurtant les deux verres l'un contre l'autre : "tchin-tchin". Le Petit Robert indique que ce mot viendrait du pidgin-english de Canton tsing-tsing, signifiant « salut ».

TENNIS
Au XVIIe siècle, le jeu de paume était très en vogue en Europe et plus particulièrement en France. Lorsque l'un des joueurs passait une balle à un autre, il lui disait, courtoisement, "tenez !". En ce temps-là, la terminaison ez se prononçait "ets". Ce terme a été repris plus tard par les Anglais et s'est transformé alors en "tennis !"

TOUILLER
Ce verbe (du latin tudiculare, "broyer, barbouiller") a pratiquement disparu du langage courant. On ne l'emploie quasiment plus que dans un contexte culinaire où il a le sens de "remuer" (touiller la salade, par exemple). Le mot ratatouille vient du verbe "touiller".

UBIQUITÉ
Ce nom féminin, qui signifie « faculté d'être présent en plusieurs lieux à la fois », vient du latin ubique, "partout, en tout lieu". On parle de "don d'ubiquité" en parlant de quelqu'un qui donne l'impression d'être partout à la fois.

UBUESQUE
Cet adjectif vient de Ubu, personnage absurde, grotesque et despote créé par Alfred Jarry en 1896 dans sa pièce Ubu roi. On utilise l’adjectif pour caractériser une situation décousue et exagérée, teintée de ridicule.

Y
Cette lettre de l'alphabet est un adverbe de lieu d'origine latine, ibi, signifiant "ici", "dans cet endroit-là". Avec le temps, ibi devint ivi, puis iv, et enfin le V a été absorbé par le I et est devenu "y".

ZUT
Mot issu de l'agglutination de deux éléments, z- et -ut, dont le premier représente le -s final de "allons" ou de "je te dis". Le "z" de liaison était caractéristique du genre poissard qui fleurissait au début du 19e siècle. Le deuxième élément, "ut", apparaît dans un sens voisin de zut, comme par exemple dans : "et ut, j'ai bu ma goutte" (1797 - La Petite poste de Paris). Certains considèrent "ut" comme une atténuation euphémique de "foutre".