LES MOTS DU COVID-19
CEUX QU’ON A ENTENDU EN BOUCLE :
COVID-19 : fin 2019, des cas groupés de pneumonies surviennent en Chine dont certains sont mortels. Le 9 janvier, le virus responsable est identifié, il s'agit d'un nouveau coronavirus appelé Sars-CoV-2 (Sars pour "Syndrome Aigu Respiratoire Sévère" et CoV pour "COronaVirus"). Sa maladie a été nommée COVID-19 le 11 février 2020 par l'OMS : Co pour corona, vi pour "virus et D pour disease ("maladie" en anglais). Le chiffre 19 indique l'année de son apparition : 2019. Bien que COVID-19 désigne la maladie, le terme a été aussitôt assimilé au virus et les médias lui ont donc attribué l’article masculin : le COVID-19. Ce n’est que le 7 mai 2020, trois mois après le début de l’épidémie, que l’Académie Française nous a rappelé qu’il fallait employer l’article féminin. Trop tard, hélas ! Les Français continueront de parler de lui en disant LE COVID-19.
CORONAVIRUS (virus à couronne) : du latin corona et de virus, car le microscope électronique met en évidence une frange de grandes projections bulbeuses qui ressemblent à la couronne solaire. Ce mot n’est pas nouveau puisqu’il a été créé dans les années 1960.
CONFINEMENT : ce mot existait déjà avant le COVID-19, mais il a pris un autre sens depuis l’irruption de la pandémie. Peu utilisé avant cette année, sauf en parlant des volailles pendant l’épidémie de grippe aviaire, il désigne maintenant toutes les restrictions de contacts et de déplacements visant à ralentir la propagation de la maladie.
DÉCONFINEMENT : ce mot, de création récente, était jusqu’à présent absent des dictionnaires. Largement utilisé ces derniers temps, il définit la fin de l’isolement imposé par les autorités. Le 11 mai 2020, en ce qui concerne la France. Mais attention : en cas de deuxième vague, et donc de « re-confinement », il y aura une nouvelle date de déconfinement !
DISTANCIATION SOCIALE : rien à voir avec l’éloignement des règles de vie en société, la perte de quelconques allocations ou encore un retard dans le paiement de vos remboursements de la Sécurité Sociale ! Le mot « distanciation » existait déjà dans les dictionnaires, mais avait un sens plutôt abstrait désignant le recul nécessaire que l’on doit avoir par rapport à un texte, un événement, une attitude. Avec la pandémie, il prend un sens nouveau : c’est l’éloignement nécessaire entre deux personnes pour éviter la contamination. Quant à l’utilisation de l’adjectif « social », elle n’est pas très heureuse, car cet adjectif évoque surtout les conditions de vie en société et, par extension, ce qui vise à les améliorer : assistante sociale, logements sociaux, etc. Il aurait sans doute été préférable d’employer les expressions « distanciation physique » ou « éloignement physique ».
GEL HYDROALCOOLIQUE : gel à base d’eau et d’alcool destiné en particulier à désinfecter les mains. Le produit était déjà connu dans le monde médical, mais c’est son utilisation généralisée depuis le début de l’épidémie qui a l’a fait connaître de tous, même des plus jeunes. À condition évidemment de pouvoir en trouver, ce qui n’était pas gagné d’avance !
MASQUE : depuis plus d’un siècle, le masque était connu comme le meilleur moyen de se protéger contre la contamination en cas d’épidémie de grippe ou de toute autre maladie transmissible par voie bucco-nasale. On l’a vu notamment dans des images d’archives datant de la grippe espagnole de 1918 ! Pourtant, au début la pandémie du COVID-19, nos gouvernants ont été réticents à reconnaître son utilité, jusqu’à affirmer même que le masque était carrément inutile ! C’était sans aucun doute un moyen de détourner l’attention des Français du grave problème dont ils se sentaient responsables et coupables : l’inexistence de stocks de masques. Il aura fallu attendre le déconfinement – et la constitution de stocks suffisants - pour qu’enfin le port du masque soit officiellement recommandé, et même imposé, dans certains cas. Tous les Français ont appris à faire la différence entre les deux types de masques existants. D’une part, le masque chirurgical, qui filtre 95% à 98% des bactéries, qui est à usage unique et qui doit donc être jeté au bout de 3 à 4 heures d'utilisation. D’autre part, le masque FFP (surnommé masque « canard » en raison de sa forme en bec de canard), qui est un appareil de protection respiratoire destiné à protéger celui qui le porte contre l'inhalation à la fois de gouttelettes et de particules en suspension dans l'air. Depuis le début de l’épidémie, ce dernier était réservé aux professionnels de santé.
QUATORZAINE : dévié du mot « quarantaine », ce mot, est apparu avec le COVID-19, exprime la période d’isolement de quatorze jours à laquelle certaines personnes doivent se soumettre.
INFODÉMIE : mot-valise formé sur les termes « information » et « épidémie », employé dans les médias pour désigner les rumeurs autour du coronavirus qui circulent sur les réseaux sociaux.
TÉLÉTRAVAIL : ce mot n’est pas nouveau. Il est employé depuis le début des années 1980 pour désigner le fait d’effectuer à distance son travail intellectuel ou son travail de bureau au moyen d’une technologie de télécommunications. Il a évidemment pris toute sa valeur avec l’utilisation généralisée d’Internet pendant le confinement.
QUARANTINI : mot-valise d’origine américaine qui associe “quarantine” et “martini”, c’est le nouveau cocktail à la mode pendant le confinement, à boire à la maison, évidemment. Il n’existe pas une recette unique, mais il peut être concocté à partir de deux ingrédients seulement, avec ce dont vous disposez chez vous.
ASYMPTOMATIQUE : dérivé de « symptomatique » avec le préfixe a-, privatif, cet adjectif signifie « qui ne présente aucun symptôme clinique ». À noter que l’accent circonflexe de « symptôme » disparaît dans les adjectifs « symptomatique » et « asymptomatique ».
COMORBIDITÉ : pour le non-spécialiste du vocabulaire de santé, les termes morbide et morbidité sont synonymes de « malsain ». Mais, on le sait moins, « morbidité » appartient également au vocabulaire médical : il désigne alors « un ensemble de causes qui peuvent produire une maladie ». Selon l'Agence nationale de santé publique ou le Dictionnaire médical de l'Académie de médecine, la notion de comorbidité se « caractérise par l’existence d’une maladie principale dite “primaire” ou “index” associée à de multiples et spécifiques conditions cliniques ». La « comorbidité » se distingue ainsi de la « multimorbidité » correspondant, selon ces mêmes sources, à « la somme de conditions cliniques sans que prédomine une maladie principale ».
C’est clair, non !
DES ANGLICISMES INDÉSIRABLES :
CLUSTER (foyer, grappe, groupe) : ce mot fait penser à « cloître », mais il est l’équivalent en anglais du mot « grappe ». En réalité, ce termeest l’abréviation courante de l’expression disease cluster (grappe de maladie). Par extension, cluster prend le sens de « regroupement dans le temps et l’espace de cas d’une maladie ». La Commission d’enrichissement de la langue française a proposé l’expression « foyer épidémique ».
COPING (affronter une situation éprouvante) : selon la Commission d’enrichissement de la langue française, c’est un anglicisme devenu assez courant en français dans les domaines de la santé et de la psychologie, qui signifie : « ensemble des stratégies comportementales et des ressources émotionnelles auxquelles recourt un individu lorsqu’il est confronté à une situation éprouvante ».
TRACKING (géolocalisation, traçage et reconstitution de parcours) : stratégie numérique d’identification des personnes ayant été au contact de personnes infectées. Plutôt que tracking, lorsque l’on veut dire que l’on détermine la position géographique d’une personne porteuse soit d’un téléphone mobile (multifonction), soit de tout autre objet connecté, il suffit de parler de « géolocalisation » ou de « traçage ».
AUTRES NÉOLOGISMES REPÉRÉS SUR LE NET QUI DÉCRIVENT LE QUOTIDIEN DES FRANÇAIS PENDANT LE CONFINEMENT :
Pendant le confinement, la semaine ne comportait plus qu’un seul et même jour qui se répétait en boucle : LUNDIMANCHE. Lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi ont laissé place à INTERDI, puisqu’on ne pouvait plus sortir, commercer ou simplement vivre normalement. Quant au septième jour, celui de la grasse matinée, il était devenu le CONFINEMANCHE.
Notre vie confinée avait quelque chose d’intime, comme une amie. On lui a donné un surnom : CONFIFI. Et après elle, est venu le DÉCONFIFI.
Si tout le monde a dû trouver des occupations pour tuer le temps (à défaut de tuer le virus !), certains ont COVIDÉPRIMÉ ou ont été sujets à la MÉLANCOVID. D’autres, seuls derrière leur écran, ont essayé de contribuer et d’aider leur prochain dans un grand élan de SOLIDARITUDE. D’autres, très nombreux, pour tromper l’ennui, se sont longtemps attardés sous la couette et ont sans doute préparé une nouvelle génération, celle des CORONABOOMERS.
Pour garder la santé, certains ont essayé de continuer à faire du sport en travaillant leurs CORONABDOS. D’autres, pour combler un GROVID, se sont vengés sur la nourriture, quitte à devenir GRADUVID, victime de la terrible IMMOBÉSITÉ. Les plus chanceux se sont installés dans leur jardin, sur leur balcon, voire à une fenêtre exposée au sud pour s’offrir une petite séance de HOMEZAGE.
Heureusement, grâce à la technologie, on a réussi à renouer avec ses amis et sa famille. Les moments conviviaux sont devenus CORONAPÉROS, WHATSAPÉROS ou SKYPÉROS. On s’est donné rendez-vous au ZOOMBAR. On a COVIDÉ la cave à plusieurs, par écrans interposés. Certains même ont réussi à trinquer avec leurs voisins en organisant des APÉRUES depuis leurs paliers ou leur balcons.
Mais le rendez-vous qui a mobilisé le plus de bonnes volontés, c’était le CLAP CLAP O’CLOCK, l’heure des applaudissements, à 20 heures précises. Un peu partout, les voisins POUBELLISAIENT, CASSEROLISAIENT, VUVUZÉLISAIENT : une véritable CORONAPHONIE, souvent proche du CACOVIRUS.
Pour le travail, on a beaucoup ZOOMÉ, on s’est beaucoup TÉTÉSALUÉ, on a fait des TÉLÉPAUSES, on s’est TÉLÉDÉCONNECTÉ.
Celui qui est sorti sans respecter les gestes barrière, les consignes de distanciation sociale, le port du masque, a été taxé d’être un COVIDIOT. Voire un CONFINI !
Il faut dire que la peur du virus était omniprésente. On est devenu PARANOVIRUS, une maladie très répandue chez les HYPOCONFINIAQUES. Le CONARVIRUS (ou CONARDEVIRUS) nous a harcelés jour et nuit.
Bref, tout cela n’était qu’un grand CORONACIRCUS !