LES MOTS DU COVID-19 : LA SUITE (2021)   

 CEUX QU’ON A ENTENDUS EN 2020 ET QU’ON ENTEND ENCORE EN 2021

PANGOLIN : mammifère d’Asie dont le corps est recouvert d’écailles larges, plates et triangulaires, nocturne, très craintif, qui se roule en boule dès qu’il se sent menacé. Le pauvre animal a été accusé – très probablement à tort – d’avoir été l'hôte intermédiaire qui aurait permis la transmission du coronavirus de la chauve-souris à l'espèce humaine. Le lieu le plus probable de la contamination initiale serait un marché de Wuhan, en Chine, où étaient vendus vivants des animaux sauvages. Le côté positif dans tout ça, c’est que le pangolin, animal quasiment inconnu avant la pandémie, est maintenant célèbre dans le monde entier !

GESTES BARRIÈRES : il n’y a pas une journée depuis le début de la pandémie où l’on n’a pas entendu cette expression. Elle a notamment été martelée aux téléspectateurs dans des spots où il était question de respecter la distanciation sociale, de porter un masque, de tousser dans son coude, de se moucher dans des mouchoirs jetables, de se laver régulièrement les mains avec du savon ou encore de se les désinfecter avec du gel hydro-alcoolique. L’ennui dans toutes ces mesures, c’est qu’elles jouent véritablement leur rôle de barrières et qu’on y perd beaucoup en contacts humains…

CAS CONTACT : en épidémiologie, il s’agit d’une personne identifiée comme ayant fréquenté une personne infectée. Pour les autorités sanitaires, on est un "cas contact" lorsqu'on a fréquenté une personne contaminée pendant 15 minutes dans la même pièce, quand on est a l'intérieur ou à moins d'un mètre en extérieur. Si on se trouve dans cette situation, il faut immédiatement s'isoler et attendre sept jours après le contact avant d'aller faire un test de dépistage. Mais attention : les ennemis de mes ennemis ne sont pas forcément mes ennemis. C’est en substance ce qu’a indiqué Olivier Véran en septembre 2020 en déclarant : « les cas contacts des cas contacts ne sont pas des cas contacts » !

COUVRE-FEU : on n’avait pas entendu parler de lui depuis l’occupation allemande, il y a plus de 75 ans ! Le premier couvre-feu anti-Covid a été décrété par Emmanuel Macron en octobre 2020. Il était effectif de 21 heures à 6 heures du matin. Une étrange ressemblance avec le couvre-feu imposé par les autorités militaires allemandes, comme le montre l’affiche ci-dessous. Il est vrai que notre président, dans une allocution télévisée, avait solennellement déclaré que nous étions en état de guerre !

RECONFINEMENT : après le premier confinement, débuté le 17 mars 2020, et le déconfinement, le 11 mai suivant, les Français ont dû, suite à la « deuxième vague » tant redoutée, se résoudre à un second confinement à partir du 30 octobre. On a, pour l’occasion, inventé un mot nouveau : le « reconfinement ». Un mot nouveau qui a devancé l’arrivée du beaujolais nouveau, fin novembre !

HYDOXYCHLOROQUINE : substance utilisée comme médicament contre le paludisme, ou pour réduire l’inflammation dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du lupus. Le désormais célèbrissime professeur Didier Raoult a fait la promotion de cette substance en l’utilisant dans son service pour traiter les patients atteints du Covid. Depuis, les autorités sanitaires n’ont eu de cesse de démentir les affirmations de ce savant de Marseille qui aurait dérapé !

ÉCOUVILLON : jusqu’à 2020, ce terme était surtout connu des artilleurs qui, après un tir, introduisaient cet accessoire dans le canon afin de le nettoyer. Mais voilà que, grâce aux tests de dépistage du virus, les écouvillons reviennent sur toutes les lèvres. Enfin, plutôt dans les trous de nez, et, de toute évidence, en se faisant un peu trop intrusifs. Rares, en effet, sont les testés qui prétendent n’avoir rien senti quand les gars de la narine les ont enfoncés profondément…

DISTANCIEL / PRÉSENTIEL : voilà deux jolis mots qui n’avaient pas l’heur d’être connus des étudiants jusqu’au début de 2020 (bien qu’ils existaient déjà). Ils sont maintenant au cœur de toutes les conversations dans les milieux universitaires. Avant le COVID, beaucoup d’étudiants rêvaient de suivre leurs cours devant leur écran d’ordinateur affalés sur leur canapé. Depuis le premier confinement, les rêves se sont transformés en cauchemars : à quand la fin du distanciel et le retour du présentiel ? Pas simple.
— Chez vous la rentrée ça sera en distanciel ou en présentiel ?
— Plutôt en démerdentiel...
(@1HommeAzerty sur Twitter, 19 août 2020)

VACCINODROME : centre de vaccination collective mis en place dans le cadre de la lutte contre une épidémie ou une pandémie. Il s’agit le plus souvent d’un espace fermé de grande taille, comme un gymnase, un stade, une salle de spectacles, un hall d’exposition, dans lequel on pratique la vaccination de masse. Le suffixe « drome » (du grec dromos, signifiant course), fait forcément penser à hippodrome, aérodrome ou vélodrome, des lieux vastes propices au rassemblement de foules. Il peut aussi avoir une connotation ironique, comme dans « baisodrome ». Le mot vaccinodrome serait apparu vers 2009, à l’époque de l’échec de la campagne vaccinale contre la grippe H1N1, alors que des hangars transformés en centres de vaccination étaient restés désespérément vides. C’est sans doute pour cela qu’en France, le ministre de la Santé a cette fois choisi de ne pas ouvrir de vaccinodromes, à la différence d’Israël, de l’Allemagne ou des États-Unis. Pas question répéter l’erreur de son prédecesseur !

MASQUES : après la grande polémique de début 2020, dans laquelle plus d'un membre du gouvernement s'est ridiculisé en déclarant qu'ils ne servaient à rien, on a fini par reconnaître qu'ils étaient indispensables pour limiter la propagation du virus. Porter un masque, se laver les mains, se tenir à distance des autres : en fait, on n'a rien inventé depuis un siècle, si l'on en juge le message véhiculé dans cette affiche datant de 1918, l'année de la grippe espagnole :