PROBLÈMES DE PRONONCIATION  

MOTS QUE L'ON HÉSITE À PRONONCER

Il y a des mots (plutôt rares, il faut le reconnaître !) que l’on hésite à prononcer tant leur orthographe semble déroutante.
Exemples :

CHÆNICHTHYS (poisson osseux des mers froides), qui se prononce “kéniktiss”
DULÇAQUICOLE (qui vit en eau douce), qui se prononce “dulsakicole"
HADJDJ (pèlerinage à La Mecque que tout musulman doit accomplir au moins une fois dans sa vie), qui se prononce... comme ça s’écrit !
TCHATCHEUR (grand bavard, baratineur)
DÉSOXYRIBONUCLÉIQUE (l’ADN, sans le A de “acide”)
PRESTIDIGITATEUR (magicien, illusionniste)
FELDSPATH (silicate naturel)
acide ACÉTYLSALICYLIQUE (il vaut mieux se contenter de dire “aspirine”, c’est la même chose !)
ABRACADABRANTESQUE (absurde, extravagant)
MAELSTRÖM (courant tourbillonnaire marin), qui se prononce “malstreum” ou “malstrom”.
CŒLACANTHE (poisson marin), qui se prononce "sélacante"


Un petit dernier pour la route, tout droit sorti de la tirade du nez prononcée par Cyrano de Bergerac dans la pièce éponyme d’Edmond Rostand :

HIPPOCAMPÉLÉPHANTOCAMÉLOS
(animal fantastique inventé par le poète comique grec Aristophane).


Estimons-nous heureux : le français ne comporte pas autant de mots difficiles à prononcer qu’on pourrait le croire. Comparez, par exemple, avec la langue de nos voisins d’outre-Rhin qui comprend un nombre infini de mots à rallonge véritablement imprononçables, comme geschwindigkeitsüberschreitung (excès de vitesse). Un autre exemple simple : essayez de dire “555” en allemand. Lancez-vous : fünfhundertfünfundfünzig. Séparez bien chaque syllabe, distinguez le son u (“ou”) du son son ü (“u”), n’oubliez pas le -h aspiré et prononcez bien la dernière syllabe -zig à l’allemande (“tsich”).

ERREURS DE PRONONCIATION COURANTES

De nombreux mots ou noms propres ne sont pas prononcés comme il faut (même si c’est parfois bien excusable !).
Passons-en quelques-uns en revue.

Mots courants :

ABASOURDIR
On est tenté de dire “abassourdir” en pensant à « assourdir ».
La bonne prononciation : le « s » se trouvant entre deux voyelles, on prononce “abazourdir”.

ANANAS
On est tenté de dire “ananass” en faisant entendre le « s ».
La bonne prononciation : le langage soutenu préfère “anana”, mais le langage courant/régional accepte aussi “ananass”. Vous avez donc le choix.

CARROUSEL
On est tenté de prononcer “carroussel”.
La bonne prononciation : même règle que pour « abasourdir » ; placé entre deux voyelles, le « s » se prononce comme un « z », d’où “carouzel”.

EXSANGUE
On est tenté de passer le « s » sous silence et dire “èkzangue”.
La bonne prononciation est “èk-sangue”.

FÉERIE
On est tenté d’ajouter un accent aigu sur le second « e », ce qui donne “féérie”.
La bonne prononciation : conformément à l’orthographe du mot, est “férie”, sur le modèle de « fée » dont il est issu.
NB : la réforme orthographique de 1990 préconise d’écrire « féérie » et « féérique » pour se conformer à la prononciation courante.

GABEGIE
On est tenté d’ajouter un accent aigu sur le premier « e », ce qui donne “gabégie”.
La bonne prononciation : le « e » étant muet, on prononce “gab’gie”.

GAGEURE
On est tenté de dire “gajeure” parce que, d’habitude, « e + u » se prononce “eu”.
La bonne prononciation : “gajure”. Ici, la voyelle « e » est muette ; elle sert simplement à donner le son “j”, comme dans le prénom Georges.
NB : pour guider la prononciation, un tréma a été introduit en 1990 sur le « u » de gageure, devenu « gageüre ».

GENÈSE
On est tenté d’ajouter un accent aigu sur le premier « e » pour faire “génèse”.
La bonne prononciation : elle est conforme à l’orthographe du mot, soit “jeunèse”.

MAGNAT
On est tenté de prononcer “mania” sur le modèle de « magnanime ».
La bonne prononciation : “mag-na”.

MŒURS
On est tenté de faire entendre le « s » final et prononcer “meurss”.
La bonne prononciation : l’usage traditionnel (pour ne pas dire vieilli) rend le « s » muet, soit “meur”. Cependant, dans le langage courant, il se prononce, et permet d’éviter la confusion avec le verbe mourir (“meurt”). Vous avez donc le choix.

OIGNON
On est tenté de dire ”ouanion”, parce qu’on a toujours appris que « o + i » donnait le son “oua”, comme dans « oie ».
La bonne prononciation : “onion”. Historiquement, la lettre « i » servait à « mouiller » la graphie “gn” afin qu’« oignon » ne se prononce pas comme « gnou ».
NB : pour les réformateurs de 1990, ce « i » est désormais de trop : ils préconisent d’écrire « ognon ».

PUGNACE
On est tenté de dire “puniasse” sur le modèle d’« ignare ».
La bonne prononciation : la même que « magnat », soit “pug-nasse”.

RÉBELLION
On est tenté de supprimer l’accent aigu sur le premier « e » en pensant à l’adjectif « rebelle » et dire “reubélion”.
La bonne prononciation : conforme à l’orthographe du mot, soit “rébellion” (ré-bell-ion).

REHAUSSER
On est tenté d’ajouter un accent aigu sur le premier « e » pour faire “réhausser”.
La bonne prononciation : conforme à l’orthographe du mot, soit “reu-hausser”.

Noms propres :

BOURG-EN-BRESSE se dit “bour-kan-bresse”.

LUBERON se prononce comme il s’écrit, soit “Lu-beu-ron”.

MONTPELLIER peut se prononcer “mon-peulier” ou “mon-pélier”, conformément à sa racine occitane.

LAGUIOLE (célèbre marque de couteaux) se prononce “la-yol”.

STAËL, dans le nom de la romancière Madame de STAËL, se dit “stal” (on ne prononce pas le “ë”, à la différence de Gaël ou Noël)).

BROGLIE, dans le nom du physicien Louis de Broglie ou de l’affaire de Broglie (assassinat de l’homme politique Jean de Broglie en 1976). Le nom de cette famille noble d’origine piémontaise se prononce “broy” (comme dans cow-boy), ou parfois “breuil” (comme dans écureuil).

ENGHIEN (le duc d’Enghien) ou ENGHIEN-les-Bains (commune du Val-d’Oise) : prononcer “anguin”

LA TRÉMOÏLLE (famille ducale française) : prononcer “la tré-mouille”

TALLEYRAND (célèbre d’homme d’État et diplomate) : le Petit Larousse propose deux prononciations possibles, “tal-ran” ou “talé-ran”.

MOTS COURANTS POUR LESQUELS IL N'EXISTE PAS DE RIME

Quelques mots pour lesquels il n’existe absolument aucune rime (mis à part leurs dérivés) :

BELGE - CHANVRE - CHARYBDE - CUISTRE - DRACHME - FICHTRE - GOINFRE - HUMBLE - HUÎTRE - HYDNE - MEURTRE - MONSTRE - PAUVRE - PAMPRE - PUISQUE - SCEPTRE - SÉPULCRE - STAGNE - STUPRE - TERTRE

Quelques mots pour lesquels il ne semble pas y avoir de rime possible :
ABRUPT - AGDE - ARBRE - DIOPTRE - CAMPHRE - ERSATZ - GIROFLE - MUSCLE - QUATORZE - SIMPLE - SOURDRE

L’exemple de mot sans rime le plus souvent cité est TRIOMPHE. Ce mot n’a effectivement pas de rime dans le vocabulaire courant, mais, en réalité, il existe bien un nom commun, GOMPHE (espèce de libellule), et un nom propre, GOMPHES (ville antique de Thessalie) qui peuvent rimer avec triomphe (quoique sans tenir compte du "i" précédant -omphe). Sans oublier, dans une certaine mesure, l’expression récente “ à donf ” (à fond), en verlan.

MOTS SE TERMINANT PAR LE SON "I"

Il y a différentes façons de terminer un nom masculin par le son “i”. Voici la liste des possibilités :

-I : défi, pari, appui, alibi
-ID : nid, muid
-IE : génie, parapluie
-IL : outil, fusil, gentil
-IS : radis, croquis, logis
-IT : fruit, acabit, bandit
-IX : prix, crucifix
-IZ : riz
-Y : jury, psy, rugby
-YE : rallye
-EE : frisbee, yankee, jamboree

Quant aux noms féminins, ils sont le plus souvent terminés par -IE, mais pas que :

-I : fourmi, rani
-IE : envie, folie, pharmacie, série, etc.
-IS : brebis, souris
-IT : nuit, chienlit,
-IX : perdrix
-YE : abbaye