PLÉONASMES   


Le pléonasme est une figure de style bien souvent involontaire qui consiste à juxtaposer deux mots ou groupes de mots exprimant la même idée, soit une répétition inutile qui produit un effet de redondance. L’exemple le plus courant est « monter en haut », car dans le verbe « monter », il y a déjà la notion d’aller vers le haut, d’où l’inutilité de « en haut ».
Dans la majorité des cas, le pléonasme résulte de l’oubli ou de l’ignorance de l’étymologie d’un des termes. Exemples connus : une panacée universelle (panacée = remède universel), des dépenses somptuaires (somptuaire = relatif aux dépenses), un danger potentiel (potentiel = qui est possible) et surtout, le grand classique « au jour d’aujourd’hui », qui est un double pléonasme (voir ci-après).

Il existe également des pléonasmes syntaxiques, c’est-à-dire liés à la construction de la phrase. Par exemple, dans le titre de sa chanson, C’est à l’amour auquel je pense, Françoise Hardy utilise deux fois la proposition d’attribution ( « à » et « auquel »). Il aurait été plus juste de dire, soit  « c’est à l’amour que je pense », soit « c’est l’amour auquel je pense », formules qui ont chacune leur signification (dans la première, l’amour est le sentiment ; dans la seconde, il s’agit de l’être aimé).

Il existe cependant des cas où la redondance joue un rôle utile, voulu par l’auteur. Par exemple, cette phrase prononcée par Achille dans la tragédie classique Iphigénie de Racine : « Et que m’a fait à moi cette Troie où je cours ? ».  En répétant le pronom personnel, le personnage d’Achille souligne fortement son désagrément et le peu d’intérêt qu’il prend à l’entreprise préparée par Agamemnon.

En conclusion, le pléonasme n’est pas forcément une faute : si, dans certains cas, il constitue une répétition inutile, il peut, dans d’autres cas, apporter de la force à ce qu’on dit ou écrit.

Voici tout de même une liste non exhaustive des pléonasmes les plus fréquents, à éviter :


Apparence extérieure : on  a rarement besoin de décrire l’apparence intérieure !

Applaudir des deux mains : avec une seule, c’est tout de même moins facile...

Au jour d’aujourd’hui : l’ancien français « hui » signifiant « ce jour », aujourd’hui est déjà un pléonasme, et donc l’expression « au jour d’aujourd’hui », revient à dire « au jour du jour de ce jour », un double pléonasme !

Au maximum de son apogée : l’apogée étant déjà le maximum par définition, on dira simplement « à son apogée ».

Avertir à l’avance : il ne serait pas utile d’avertir après coup.

Bip sonore : le bip est par définition un signal sonore.

Bourrasque de vent : une bourrasque, c’est déjà du vent. Est-ce que ça souffle deux fois plus ?

But final : un but est une finalité en soi.

Cadeau gratuit : c’est cadeau ou ce n’est pas cadeau ? Il faudrait savoir !

Caserne militaire : existe-t-il des casernes civiles ?

C’est de lui dont je parle : dans « dont » il y a déjà « de ». Il faut dire « c’est lui dont je parle » ou « c’est de lui que je parle », mais pas un mélange des deux.

Ciel constellé d’étoiles : constellé = rempli d’étoiles.

Comme par exemple : soit on écrit « comme », soit « par exemple », mais pas les deux. Ou alors, en interposant une virgule : « comme, par exemple, cette formule » ...

Commencer d’abord : d’abord signifie « pour commencer ».

Conjoncture actuelle :  la conjoncture étant la situation à un moment donné, il est inutile de la qualifier d’actuelle.

Consensus commun : le consensus est par définition une position commune entre plusieurs personnes.

Continuer encore : si on continue, c’est encore et encore… (et c’est que le début…)

Coopérer (ou collaborer) ensemble : le préfixe « co- » précise déjà qu’on est ensemble.

Courte allocution : une allocution est par définition un bref discours.

Crier fort : on peut difficilement crier en murmurant, à moins qu’on puisse murmurer en criant.


Danger potentiel : « danger » signifie qu’un péril est susceptible de survenir. Il est donc nécessairement « potentiel ».


Demander d’un air interrogatif : si on demande, c’est qu’on est interrogatif !

Dépenses somptuaires : somptuaire signifie déjà  « relatif aux dépenses ». Des taxes ou impôts peuvent être somptuaires, mais ce seront toujours quelque part des dépenses.

Deux jumeaux : bien que des triplés ou des quadruplés soient considérés comme jumeaux, on parle le plus souvent de deux frères. On dira alors tout simplement « des jumeaux ».

Dresser les cheveux sur la tête : l’image est amusante, mais où pourrait-on dresser les cheveux ailleurs ?

Dune de sable : une dune est un amoncellement de sable, au bord de la mer ou dans le désert. Attention : « une dune de sable blanc » n’est plus un pléonasme puisqu’on précise la nature de la dune.

Être devant une double alternative : en français, une alternative est une situation dans laquelle deux choix s’offrent à vous. Une double alternative serait donc quatre choix possibles ?

Fausse perruque : des faux cheveux, à l’évidence !

Faux prétexte : un prétexte c’est quelque chose qu’on invente, donc c’est faux par définition.

Finir complètement : soit on a fini, soit on n’a pas fini . Inutile d’ajouter complètement.

Geler de froid : comment pourrait-on geler de chaud ?

Hasard imprévu : le hasard est par définition imprévu.

Hémorragie sanguine : impossible d’avoir une hémorragie d’autre chose que du sang ? À moins qu’il ne s’agisse, au sens figuré, d’une hémorragie de capitaux...

Importer de l’étranger : importer, c’est déjà faire venir de l’étranger, mais on peut préciser de quel pays (“importer d’Italie”).

Incessamment sous peu : « incessamment » et « sous peu » ont le même sens.

Marche à pied : marcher, c’est aller à pied. Faut-il le préciser ?

Mauvais cauchemar : les bons cauchemars sont plutôt rares !

Méandres sinueux : un méandre étant déjà sinueux et tortueux, ce n’est pas la peine de le préciser.

Monopole exclusif : un monopole qui ne serait pas exclusif ne serait plus vraiment un monopole.

OK d’accord : pléonasme plus ou moins volontaire pour renforcer l’approbation.

Opportunité à saisir : dans « opportunité » il y a déjà la notion d’élément intéressant qu’il faut saisir.

Opposer son veto : veto en latin veut déjà dire « je m’oppose ». Donc, « il oppose son veto » revient à dire « il oppose le fait de s’opposer ». On doit dire « mettre son veto ».


Optimiser au maximum : optimiser veut déjà dire améliorer avec la volonté d’atteindre le meilleur, donc le maximum.

Perfection absolue : la perfection invite déjà à la notion de ce qu’il y a de mieux. Plus blanc que blanc ?

Période de temps : pourrait-on imaginer une période qui soit autre chose que du temps ?

Perspectives d’avenir : bien que souvent entendu, on imagine mal parler des perspectives du passé !    Un bref résumé : un long résumé n’est plus un résumé.

Plafond maximum : le plafond est déjà le maximum à atteindre.

Prédire à l’avance : prédire signifie anticiper, donc forcément à l’avance.

Préférer plutôt : quand on préfère, c’est plutôt une chose qu’une autre, non ?

Puis ensuite : répétition inutile !


Repasser une seconde fois : avec « re- », on indique déjà qu’on recommence.

Répéter deux fois : si on « répète » c’est qu’on a déjà dit au moins une fois, ce qui fait deux en tout, mais on peut dire bien sûr « répéter trois fois, quatre fois... etc. »

Reporter à une date ultérieure : si on reporte, c’est forcément à plus tard.

Réserver à l’avance (un restau, un voyage) : dans « réserver », il y a déjà l’idée d’anticipation.

Retour en arrière : difficile d’imaginer un retour en avant...

S’autogérer soi-même : dans « auto », il y a la notion de « soi-même ».


S’avérer vrai : s’avérer signifie déjà « se révéler exact ». Dire « s’avérer faux » est pire qu’un pléonasme : c’est un contresens !

S’entraider mutuellement : on peut s’aider mutuellement ou simplement s’entraider, mais les deux à la fois, ça crée la confusion.

S’esclaffer de rire : s’esclaffer = éclater de rire bruyamment.

Seul et unique : peut-on être pluriel dans l’unicité ? Si on est seul, on est forcément unique.

Surprendre à l’improviste : quand on est surpris, c’est forcément par surprise !

Talonner de près : pour talonner, il faut être dans les talons, donc très, très près !

Taux d’alcoolémie : bien qu’elle soit utilisée dans les discours officiels, cette expression n’en est pas moins un pléonasme. En effet, alcoolémie signifie « taux d’alcool dans le sang ».


Tollé de protestations : tollé signifie déjà « levée de protestations ».


Tri sélectif : le fait de trier, c’est sélectionner, mettre de côté, séparer. Un tri est donc déjà sélectif.

Unanimité totale : une décision peut-elle faire l’unanimité si ce n’est pas pour la totalité des personnes ?

Voire même : l’adverbe voire signifie déjà « et même ». Il est donc inutile d’ajouter un deuxième même.