L’ACCENT CIRCONFLEXE  

sommaire :


À QUOI SERT L'ACCENT CIRCONFLEXE ?

QUELQUES RÈGLES RELATIVES À L’ACCENT CIRCONFLEXE

LISTE DES PRINCIPAUX MOTS DU FRANÇAIS AYANT UN ACCENT CIRCONFLEXE

QUELQUES NOMS PROPRES AYANT UN ACCENT CIRCONFLEXE

Remarque en préambule : nous ne tiendrons pas compte ici des réformes successives de l’orthographe qui n’ont eu d’autre effet que de jeter le trouble chez les amoureux de la langue française et de faire en sorte qu’on ne sache plus si un mot est correctement orthographié ou non.
Mais bien sûr, nous sommes de la vieille école...

À QUOI SERT L'ACCENT CIRCONFLEXE ?


L’accent circonflexe est l’un des cinq signes diacritiques utilisés en français. C’est un signe d’origine grecque et qui vient aussi du latin circumflexus, qui signifie "fléchi autour”. Souvent comparé à un chapeau, il peut “coiffer” les voyelles a, e, i, o et u. Il n'existe aucun cas en français où le "y" est surmonté de cet accent.

Il a trois fonctions principales et une fonction subsidiaire :

1) préciser la prononciation d’un a, d’un e ou d’un o, en indiquant en phonétique un son plus long ;

2) distinguer des homophones  : du (article contracté) et dû (participe passé du verbe devoir).

3) indiquer l’amuïssement (disparition à l’oral) d’une ancienne lettre : hôtel, au lieu de hostel ;

4) dans certains cas, le circonflexe ne joue aucun rôle linguistique précis et sa présence relève uniquement de l’histoire du mot.


1) ALLONGEMENT DU SON

Le rôle de l’accent circonflexe peut être d’allonger le “a”, comme dans “théâtre” (qui vient du latin theatrum), le “e”, comme dans “extrême” (du latin extremus), ou le “o”, comme dans “pôle” (du latin polus).

2) DISTINCTION ENTRE DES HOMOPHONES

Alors que, normalement, c’est l’accent grave qui sert principalement de signe discriminant en français (là / la, où / ou, çà / ça, à / a, etc.), l’accent circonflexe en est venu, pour des raisons historiques, à jouer un rôle semblable. Exemples : sur / sûr ; du / dû ; mur / mûr ; cru / crû ; chasse / châsse  ; vous dites (présent) / vous dîtes (passé simple.

3) LETTRES DISPARUES

Dans de nombreux cas, l’accent circonflexe indique que le mot contenait une lettre maintenant disparue parce que le phonème qu’elle notait s’est amuï avec le temps.

a) disparition d’un ancien “s”

C’est, de loin, le phénomène le plus célèbre. La majorité des cas provient d’un S devant une autre consonne. Celui-ci s’est amuï au XIe siècle. Bien que la graphie ait longtemps gardé la présence de ce S, on ne s’est décidé qu’au XVIIIe siècle (dès l’édition de 1740 du dictionnaire de l’Académie française) de s’en débarrasser et de noter cette disparition par le recours systématique à l’accent circonflexe, ce qui, de plus, permet de préciser la prononciation de certaines voyelles le portant, comme le o.

Certains mots issus d’un même radical latin n’ont pas subi la même modification :

fête, mais : festin, festoyer, festivité, festival
fenêtre, mais : défenestrer, défenestration.
hôtel/hôpital, mais : hospitaliser, hospitalier, hospitalité
forêt, mais : forestier, déforestation
bête, mais : bestial, bestiaire

b) cas de l’imparfait du subjonctif

La dernière voyelle d’un verbe à la troisième personne du singulier au subjonctif imparfait porte toujours un accent circonflexe, pour des raisons étymologiques : ancien français “qu’il chantast” est devenu “qu’il chantât”.
Exception : le verbe “haïr” est le seul verbe qui, au passé simple de l’indicatif et au subjonctif imparfait, ne prend pas le circonflexe attendu, car la voyelle qui devrait en être frappée a déjà le tréma : que nous haïmes, que vous haïtes, qu’il haït.

Remarque : la présence de l’accent circonflexe peut complètement modifier le sens d’une phrase. Par exemple :
« Je rêvais d’une femme qui fût belle » (verbe à l’imparfait du subjonctif) a une signification très différente de
« Je rêvais d’une femme qui fut belle » (verbe au passé simple ; cet exemple est dû à Jacques Cellard).

c) disparition d’autres lettres que le “s”

Outre le “s”, d’autres lettres amuïes ont été représentées par un accent circonflexe. C’est le cas des voyelles en hiatus dont la première ne se prononçait plus ou qui s’était contractée avec la suivante.
Exemples : aage, devenu âge ; baailler, devenu bâiller ; saoul, devenu soûl.

Le cas est fréquent dans des mots où le “u” est issu d’anciennes diphtongues médiévales, telles que “ëu” ou “ey”. Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour que la graphie se fixe sur “û”. Exemples : deu, devenu dû (de devoir) ; meu, devenu mû (de mouvoir) ; creu, devenu crû (de croître) ; seur, devenu sûr ; cruement, devenu crûment ; meur, devenu mûr.

Dans le cas du mot “dîme”, l’accent circonflexe provient de l’amuïssement d’un “x” : dixme, devenu dîme (graphie adoptée en 1798 par le Dictionnaire de l’Académie française).

Enfin, l’accent circonflexe peut indiquer la disparition d’un groupe de lettres, comme dans :

- âme, qui vient du latin anima
- île, qui vient du latin insula
- dîner, qui vient du latin disjunare.

4) AUTRES CAS

Parfois, l’accent circonflexe n’a pas d’origine précise ni de rôle linguistique particulier. Il peut, par exemple, n’être ajouté à un mot que pour le rendre plus prestigieux : c’est le cas dans trône, prône ou suprême.

Parfois, l’accent circonflexe n’a été ajouté que par analogie avec un mot voisin ou une forme voisine. Par exemple, à la première personne du pluriel du passé simple, par analogie avec celui de la deuxième personne du pluriel qui, lui, est justifié : l’ancien français “chantastes” ayant donné “chantâtes”,  l’ancien français “chantames” (qui ne requérait pas l’accent circonflexe) est devenu “chantâmes”, par contamination avec “chantâtes”. Du coup, cet accent est devenu obligatoire à la première personne du pluriel du passé simple !

Parfois, la seule explication est une probable imitation d’un autre mot où l’accent se justifie : “traître” imite “maître” (de maistre), “drôle” imite “rôle”.


QUELQUES RÈGLES RELATIVES À L’ACCENT CIRCONFLEXE

1) Les mots terminés par -itre n’ont pas d’accent circonflexe. Exemple : chapitre, pitre, titre.
Exceptions : un bélître , une épître , une huître.

2) La plupart des mots terminés par -âtre, et leurs dérivés, prennent un accent circonflexe. C’est par exemple le cas des mots désignant des couleurs  : blanchâtre, jaunâtre, verdâtre, etc.
Liste de mots finissant par -âtre : acariâtre, albâtre, amphithéâtre, âtre, beigeâtre, bellâtre, blanchâtre, bleuâtre, brunâtre, châtre (de châtrer), douceâtre, emplâtre, écolâtre, fillâtre, filsâtre, finâtre, folâtre, gentillâtre, grisâtre, iconolâtre, idolâtre, jaunâtre, marâtre, mulâtre, noirâtre, olivâtre, opiniâtre, opiniâtré, palâtre, parâtre, pâtre, plâtre, rosâtre, rougeâtre, roussâtre, saumâtre, théâtre, verdâtre, violâtre, zoolâtre.

Attention : n’ont pas d’accent circonflexe les mots terminés par -iatre (du grec iatros, médecin) comme gériatre, hippiatre, psychiatre, pédiatre, etc., ainsi que les mots suivants : quatre, ranatre et vératre.

3) Les verbes qui se terminent par -aître ont un accent circonflexe si le” i” est suivi d’un “t” : il connaît bien cette ville.

Attention : se référer aux tableaux de conjugaison, car l’accent circonflexe se place différemment suivant les temps, pour les verbes : apparaître , comparaître , connaître , disparaître , méconnaître , paraître , réapparaître , reconnaître , recomparaître , reparaître , transparaître , naître, renaître , paître , repaître.

4) Les verbes qui se terminent par -oître ont un accent circonflexe si le” i” est suivi d’un “t” : il croît très vite (du verbe “croître”) - il décroîtra au printemps.

Attention : se référer aux tableaux de conjugaison, car l’accent circonflexe se place différemment suivant les temps, pour les verbes : croître, accroître, décroître et recroître.

5) Les adverbes formés sur les adjectifs féminins en -aie, -ée, -ie, -ue, perdent leur e final devant -MENT, comme vraiment, aisément, poliment, éperdument, absolument, ambigument. Cependant on écrit gaîment (ou gaiement), assidûment, continûment, goulûment, crûment, dûment, indûment, congrûment, incongrûment, nûment. Le dictionnaire Robert accepte nuement et nûment.

6) Une règle qui montre qu’il n’y a pas de règle : certains mots portent un accent circonflexe, mais pas leurs dérivés. Exemples : fantôme et fantomatique - fût et futaie - râteau et ratisser - arôme et aromatique - cône et conifère - drôle et drolatique - grâce et gracieux - infâme et infamie - pôle et polaire - tempête et tempétueux - etc.

LISTE DES PRINCIPAUX MOTS DU FRANÇAIS AYANT UN ACCENT CIRCONFLEXE


voir Mots comportant un accent circonflexe


QUELQUES NOMS PROPRES AYANT UN ACCENT CIRCONFLEXE


Bâle (ville de Suisse)
Bellême (ville de l'Orne)
Benoît (prénom)
Châlons-en-Champagne (ville de la Marne))
Châteaudun (ville de l'Eure-et-Loire)
Châteaulin (ville du Finistère)
Châteauroux (ville de l'Indre)
Châtelet (monument)
Châtillon (ville des Hauts-de-Seine)
La Châtre (ville de l'Indre)
Châtellerault (ville de la Vienne)
Côme (lac d’Italie)
Côtes-d’Armor (département)
Côte d’Azur (région)
Côte d’Ivoire (pays)
Côte-d’Or (département)
Deûle (rivière du Nord)
Dôle (sommet du Jura suisse)
Mâcon (villede Saône-et-Loire)
Oô (lac des Pyrénées)
Pâris (héros troyen)
Puy-de-Dôme (département)
Râ ou Rê (dieu égyptien)
Rhône (fleuve)
Saône (rivière)
Têt (fleuve côtier du Sud-Ouest)


NB : tous les noms de lieu commençant par "Châtel" ou "Château" prennent l'accent circonflexe.
C'est donc le cas de la ville de Châteaubriant, en Loire-Atlantique, mais le nom de l'écrivain Chateaubriand n'en prend pas !

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