VERBES DÉFECTIFS  

Un verbe est dit défectif lorsque sa conjugaison est incomplète, c’est-à-dire que certains temps, modes ou personnes sont inusités ou simplement inexistants.
On peut les classer en plusieurs catégories :

1) VERBES SE CONJUGUANT UNIQUEMENT À LA 3ième PERSONNE : falloir, pleuvoir, neiger, advenir, s'ensuivre, etc.

2) VERBES NE SE CONJUGUANT QU’À CERTAINS TEMPS OU CERTAINS MODES : accroire, béer, frire, occire, ouïr, etc.

3) VERBES SE CONJUGUANT À TOUS LES TEMPS, MAIS AVEC QUELQUES EXCEPTIONS : choir, déchoir, traire, clore, dissoudre, faillir, foutre, paître, etc.

4) VERBES DONT ON N’UTILISE QU’UNE SEULE FORME : courre (chasse à courre), ester (ester en justice), issir (issu), partir (avoir maille à partir), rassir (rassis), comparoir.

LISTE (non exhaustive) DES PRINCIPAUX VERBES DÉFECTIFS

ABSOUDRE : pardonner, excuser.
N'existe ni au passé simple de l'indicatif, ni à l'imparfait du subjonctif. Cependant, le Littré précise que l'on ne doit pas exclure ces temps de l'usage (j'absolus, que j'absolusse) puisqu'on dit je résolus, que je résolusse...

ACCROIRE : = croire.
Existe seulement à l'infinitif après le verbe faire ou laisser (laisser accroire = laisser croire), ou dans les locutions « en faire accroire » (= tromper), « s’en laisser accroire » (= se laisser tromper).

ADVENIR : arriver, survenir.
Ne s’emploie qu’à la troisième personne du singulier et du pluriel (il advient, advenait, advint, adviendra, etc.). Le participe passé (advenu) permet de former les temps composés ("il est advenu que..."). Il n’y a pas d’impératif.

APPAROIR : être apparent, évident, manifeste.
Existe seulement à l'infinitif avec le verbe faire ("faire apparoir de son bon droit") et à la 3ème personne du singulier au présent de l'indicatif (il appert = il apparaît, il ressort, il résulte).

BÉER : être grand ouvert.
On emploie surtout le participe passé féminin bée ("bouche bée") et le participe présent béant. On peut le trouver conjugué à d'autres temps dans la littérature comme un verbe du 1er groupe (se conjugue comme créer).

BIENVENIR : ce verbe s'emploie seulement à l'infinitif : "se faire bienvenir de quelqu'un" (= se faire accueillir favorablement).

BRAIRE : pousser son cri, en parlant de l’âne.
Existe à l'infinitif présent, aux troisièmes personnes du présent et du futur de l'indicatif (il brait/braira – ils braient/brairont), du conditionnel présent (il brairait, ils brairaient).
Comme d'autres verbes qui ont pour sujets des animaux ou des choses, on emploie braire aux troisièmes personnes seulement.

BRUIRE : produire un bruit léger, confus.
D'après le dictionnaire Littré, il s'emploie à l'infinitif (bruire), aux personnes du singulier de l'indicatif présent (je bruis, tu bruis, il bruit, à toutes les personnes de l'imparfait de l'indicatif (je bruyais, tu bruyais, il bruyait etc.), au futur et au conditionnel (je bruirai, je bruirais etc.), au participe passé (il a bruit) et aux temps composés (j'ai bruit, il avait bruit etc.).
NB : bruyant est un adjectif, pas un participe présent. D'après Le Grevisse, bruire se conjugue comme finir , le participe présent étant alors bruissant.

CHALOIR : importer.
S’emploie surtout à la 3ème personne du singulier de l'indicatif présent : il m’en chaut (cela m’importe), peu me chaut (peu m’importe).
On trouve encore chalait, chaudrait, chaudra, qu'il chaille.

CHOIR : tomber.
S'emploie à l'infinitif après laisser (« laissez-le donc choir ! »). On le conjugue aussi à l'indicatif présent (je chois, tu chois, il choit, ils choient), les autres personnes n’étant pas usitées. Au passé simple, seulement il chut, ils churent ; au futur, cherra et choira (cf. « la bobinette cherra », dans Le Petit Chaperon Rouge); au participe passé chu, chue ; aux temps composés avec l'auxiliaire être : elle est chue (= elle est tombée). NB : le dictionnaire de l'Académie accepte l’auxiliaire avoir : il a chu.

CLORE : fermer, enfermer.
Existe à l'infinitif et à l'indicatif présent (je clos, tu clos, il clôt, pas de pluriel), au futur (je clorai), au conditionnel (je clorais), à tous les temps composés et au participe passé (clos, close).

COMPAROIR : comparaître en justice.
S'emploie seulement à l'infinitif : « des témoins que la justice mande à comparoir ».

DÉCHOIR : tomber dans un état inférieur, diminuer (v. intransitif), priver d’un droit (v. transitif).
Se conjugue à tous les temps sauf à l’imparfait de l'indicatif, l'imparfait du subjonctif, l'impératif et le participe présent. Le participe passé (déchu, déchue) permet de former les temps composés, avec être ("il a été déchu") ou avoir ("sa popularité a déchu"), selon le sens.

ÉCHOIR : être dévolu par le sort, par le hasard.
Se conjugue exclusivement aux troisièmes personnes : il échoit (ou échet), ils échoient (ou échéent), il échut, il échoira (ou écherra), il échoirait, ainsi qu’au participe passé (échu, échue) et au participe présent (échéant).

ÉCLORE : sortir de l’œuf (poussin), s’épanouir (fleur).
S'emploie à l'infinitif, au présent de l'indicatif (il éclot, ils éclosent), au futur (il éclora, ils écloront), au conditionnel (il éclorait, ils écloraient), au présent du subjonctif (qu'il éclose, qu'ils éclosent), aux temps composés (elle a éclos etc.) et au participe passé (éclos, éclose).

ENSUIVRE (S’) : découler, résulter.
S’emploie uniquement à la troisième personne du singulier et du pluriel (il s’ensuit, s'ensuivent, s’ensuivait, s’ensuivit, s’ensuivra, etc.). Le participe passé (ensuivi) permet de former les temps composés. Il n’y a pas d’impératif.

ESTER : intenter, poursuivre (en justice).
N'existe qu'à l'infinitif présent dans les expressions « ester en justice » et « ester en jugement ».

FAILLIR : faire défaut, manquer, fauter.
Est usité à l'infinitif, au passé simple (je faillis, etc.), au futur (je faudrai ou je faillirai, etc.), au conditionnel (je faudrais ou je faillirais, etc.), au subjonctif présent (que je faille), au participe passé (failli) et aux temps composés (j'ai failli, j'avais failli, etc.).
NB : faillirai et faillirais étaient des barbarismes mais il sont entrés dans l'usage.

FALLOIR : être nécessaire (verbe impersonnel).
Existe à tous les temps de tous les modes, sauf à l’impératif et au participe présent.

FÉRIR : frapper.
S'emploie à l'infinitif en particulier dans l'expression « sans coup férir » (= sans frapper, sans donner un coup, sans se battre). On a en outre l’adjectif féru (= passionné) qui est à l’origine le participe passé de férir.

FOUTRE : faire, mettre, etc.
Se conjugue à tous les temps, sauf au passé simple et à l’imparfait du subjonctif.

FRIRE : cuire dans un corps gras.
S'emploie à l'infinitif, au participe passé (frit, frite) et, moins couramment, au présent de l'indicatif (je fris, tu fris, il frit), au futur (je frirai, etc.), au conditionnel (je frirais, etc.), à une seule personne de l'impératif (fris) et aux temps composés. Pas de participe présent.
NB : on peut remplacer frire par "faire frire", qui donne toutes les possibilités.

GÉSIR : être couché.
Se rencontre à l'infinitif, au présent de l'indicatif (je gis, tu gis, il gît, nous gisons, vous gisez, ils gisent), à l'imparfait (je gisais, etc), au participe présent (gisant) et surtout dans la formule d'épitaphe : ci-gît.

ISSIR : sortir.
N'est plus usité qu’au participe passé (issu, issue) et dans l’adjectif « issant », correspondant au participe présent, utilisé en héraldique.

MESSEOIR : ne pas convenir.
S'emploie surtout à la 3ème personne du singulier, le plus souvent à la forme négative ("cela ne messied pas), à l'indicatif (il messied, il messeyait, il messiéra) et au conditionnel présent (il messiérait).

NUIRE : faire du tort, porter préjudice.
Le participe passé de ce verbe transitif indirect n’a ni féminin, ni pluriel, même dans sa forme pronominale ("elles se sont nui").

OCCIRE : tuer.
S'emploie surtout à l'infinitif, au participe passé (occis, occise) et aux temps composés. On l’utilise en général pour plaisanter ou par amour des archaïsmes.

OINDRE : frotter d’huile ou d’une matière grasse.
S'emploie à l'infinitif et au participe passé (oint), mais on trouve aussi, plus rarement, les autres temps : j'oins, tu oins, il oint, nous oignons, vous oignez, ils oignent / j'oignais... / j'oignis... / j'oindrai... / j'oindrais... / oins, oignons... /que j'oigne, que nous oignions... /que j'oignisse... / oignant. Célèbre proverbe médiéval : « Oignez vilain, il vous poindra ; poignez vilain, il vous oindra » (traduction : si vous êtes sympa avec un affreux, attendez-vous au pire ; en revanche, si vous êtes dur avec lui, vous pourrez faire de lui ce que vous voudrez).

OUÏR : entendre.
Se rencontre surtout à l'infinitif et au participe passé (ouï). Les autres formes s’utilisent pour plaisanter : oyez, il orra, il ouït, il oyait, en oyant, etc.
NB : nous ouïmes, vous ouïtes au passé simple, pas d'accent circonflexe.

PAÎTRE : brouter.
S’emploie surtout à l’infinitif et au présent (il paît, ils paissent). On peut trouver l’imparfait (paissait) et le futur (paîtra), mais on ne l'emploie ni au passé simple, ni à l'imparfait du subjonctif, ni aux temps composés et il n'a pas de participe passé.

PARTIR : partager, séparer.
Seulement à l'infinitif dans l’expression « avoir maille à partir » (= avoir un demi-denier à partager, c’est-à-dire avoir un différend avec quelqu’un). La pièce d'une maille était celle qui avait le moins de valeur.

PLEUVOIR : se conjugue seulement à la troisième personne du singulier et du pluriel (pleut, pleuvent / pleuvait, pleuvaient / pleuvra, pleuvront).

POINDRE : commencer à paraître, apparaître.
Se rencontre le plus souvent à l'infinitif et à la troisième personne du singulier et du pluriel de l'indicatif présent, imparfait et futur (il point, ils poignent, il poignait, ils poignaient, il poindra, ils poindront). Pour le reste, il se conjugue comme le verbe joindre. (y compris le participe présent « poignant » et le participe passé « point »).

POUVOIR : se conjugue à tous les temps sauf à l'impératif.

QUÉRIR : chercher, aller chercher.
S'emploie à l'infinitif avec les verbes aller, envoyer et venir ("va-t-en quérir fortune ailleurs").

RAIRE : bramer, pousser son cri, en parlant du cerf, d’un cervidé.
On rencontre surtout le présent à la troisième personne (il rait, ils raient), voire l’imparfait (rayait, rayaient) ou le futur (raira, rairont). N'a ni passé simple ni subjonctif imparfait, et les autres temps sont rarement usités. On utilise plus couramment son synonyme, le verbe « réer », qui se conjugue comme créer.

RECLURE : renfermer, isoler.
S'emploie à l'infinitif et aux temps composés, mais on rencontre surtout le participe passé reclus(e), devenu un adjectif.

SAILLIR : sortir, s’élancer, faire saillie.
S'emploie surtout à l'infinitif, ou, le plus souvent, aux 3èmes personnes (il saillit, ils saillissaient, ils sailliront, etc.). On rencontre également les participes passé (sailli) et présent (saillant).

SEOIR : convenir.
S'emploie aux troisièmes personnes du singulier et du pluriel de l'indicatif présent (il sied, ils siéent), de l'indicatif imparfait (il seyait, ils seyaient), du futur (il siéra, ils siéront), du conditionnel présent (il siérait, ils siéraient) et du subjonctif présent (qu'il siée, qu'ils siéent). Il n'a pas de temps composés. Le participe présent et l'adjectif verbal sont séant, séante, seyant, seyante. Le participe passé (sis, sise) n'est pas utilisé pour former les temps composés, mais a donné l'adjectif dont usent les notaires pour situer un bien immobilier ("un immeuble d'habitation sis 23 rue Jean Moulin").

SOURDRE : sortir de terre, naître, surgir.
S'emploie uniquement à l'infinitif et aux troisièmes personnes de l'indicatif présent et imparfait (il sourd, ils sourdent, il sourdait, ils sourdaient). Il n’y a pas de participe passé.

STUPÉFAIRE : frapper de stupeur, stupéfier.
Se rencontre uniquement au présent de la troisième personne du singulier (il stupéfait) et aux temps composés (j'ai stupéfait, etc.). Il entre le plus souvent dans des constructions passives : je suis stupéfait(e).

TRAIRE : tirer le lait de.
Traire s’emploie surtout au présent (je trais, il trait, nous trayons, ils traient), à l’imparfait (trayait, trayaient) et au futur (traira, trairont). Il ne se conjugue ni au passé simple de l'indicatif ni à l'imparfait du subjonctif. Le participe passé « trait » permet de former tous les temps composés.

TRANSIR : glacer, saisir, engourdir.
Certains grammairiens le présentent comme défectif, mais on peut le conjuguer comme finir. On rencontre surtout le participe passé transi(e).

URGER : être urgent, presser.
Bien que pouvant se conjuguer à tous les temps et tous les formes, il est surtout utilisé comme un verbe impersonnel à la troisième personne (« vite, ça urge »).

VOULOIR : s'emploie à tous les modes et tous les temps, mais l’impératif est très rare, sauf s’il exprime une forte détermination : veux, voulons, voulez. Si l'on veut être poli on utilisera veuille, veuillez (mais attention : veuillons est inusité).