LE VERLAN
Le verlan est une forme d'argot oral consistant en l'inversion des syllabes d'un mot. Il n’y a pas de règles précises, puisque le résultat de cette inversion peut être évident, comme dans tromé (métro) ou approximatif, comme dans keuf (flic), l’inversion des syllabes étant adaptée de manière à ce que le mot soit plus facilement « prononçable ».
A défaut de règles précises et strictes pour la formation des mots en verlan, c’est l’usage qui entérine l’existence des mots ainsi créés. Un mot en verlan n’existe et ne perdure que s’il est fréquemment utilisé par ses locuteurs et qu’il leur permet d’être compris de leurs interlocuteurs. Pour cette raison, le recours au verlan ne concerne qu’un vocabulaire restreint, lié à l’univers dans lequel évoluent ses utilisateurs et aux actes de leur vie quotidienne. En outre, le verlan est en constante évolution : de nouveaux termes apparaissent, d’autres tombent en désuétude.
Aujourd’hui, le verlan fait partie intégrante du langage des jeunes, mais on attribue bien trop souvent son invention et son usage aux jeunes vivant dans les banlieues, de préférence parisiennes, généralement d'origine immigrée. Il s'agit là d'une vision étriquée, naïve et tout simplement erronée.
En effet, on connaît dès le XVIe siècle des exemples d’utilisation d’un langage cryptique ne pouvant être compris que par les seuls initiés. C'est plus précisément au cours des années 1800 que l'utilisation du verlan dans la communication orale apparaît. Tout au long du XIXe siècle, l'usage d'argots tels que le verlan ou le louchébem se répand dans le langage des prisonniers, des forçats et de la pègre, mais ce n'est qu'au cours des années 1970 et 1980 que l’usage du verlan s'est véritablement répandu, est couramment parlé dans les banlieues et devient un élément d'identité de leurs habitants..
Quant à l'apparition du terme verlan, elle date des années 1950. C'est Auguste Le Breton qui, dès 1953, avec son roman Du rififi chez les hommes, introduisit le verlan, alors écrit verlen (inversion de « l’envers ») dans la littérature policière. Au cours des années 1970 et 1980, le verlan est
Le succès du verlan dans les couches populaires de la société, son emploi dans les films, la littérature ou les chansons, a cependant répandu l'usage du verlan bien au-delà des quartiers défavorisés. De nombreux termes ont été repris par les jeunes et les moins jeunes de tous milieux et sur tout le territoire. Ils sont entrés dans le langage familier, voire « branché », et ont depuis perdu leur connotation argotique, comme beur, teuf ou ripou. Ils ont, pour la plupart, fait leur entrée dans les dictionnaires et peuvent donc être rencontrés dans les grilles de mots croisés.
Voici une liste (non exhaustive) des termes de verlan les plus courants :
à donf : à fond
auche : chaud ou difficile
beuh : herbe (marijuana)
beur : arabe
béton : tomber
bléka : câblé, branché
caillera : racaille (délinquant)
chanmé : méchant ou impressionnant
chébran : branché
chelou : louche , bizarre
cheum : moche
céfran : français
cheutron : tronche, tête
fait iéch : fait chier (ça)
feuj : juif
keubla : black, noir
keuf : flic
keum : mec
keutru : truc
ken : niquer
meuf : femme, fille, nana
nawak : n'importe quoi
noiche : chinois
oilpé : poil (à oilpé : à poil)
oinj : joint
ouam : moi
ouate : toi
ouf : fou
port'nawak : n'importe quoi
pécho : choper, draguer
rebeu : beur
relou : lourd, ennuyeux
renoi : noir
reuf : frère
reum : mère
reup : père
reuss : sœur
ripou : pourri, flic pourri
tainp : putain
tarpé : pétard
tasspé ou tass : pétasse
tessi ou tess : cité
teub : bite
teubé : bête, stupide
teuch : chatte
teush : shit (haschisch)
teuf : fête
teupu :pute
tromé : métro
vénère : énervé
zarbi : bizarre
zikmu ou zik : musique
zyva : vas-y !