LE TRÉMA EN FRANÇAIS   

 

Le tréma est un signe diacritique hérité du tréma grec qu'on place sur certaines voyelles. Il vient du mot grec trêma, trêmatos, qui signifie "trou" ou "points sur un dé". Il est formé de deux petits points juxtaposés disposés juste au-dessus de la voyelle : ä, ë, ï, ö, ü, ÿ.

L'emploi du tréma commence à partir du XIIe siècle dans des manuscrits écrits en anglo-normand. Il se trace alors comme un double accent aigu. Il faut attendre l'imprimerie pour que son usage se généralise et commence à se codifier à partir du XVIe siècle. Il aurait été introduit dans la langue française vers 1530. Dès le milieu du XVIe siècle, on commence à le rencontrer fréquemment, comme en atteste en 1549 le Dictionnaire Français-Latin de Robert Estienne qui le mentionne pour la première fois.

Il est utilisé en français mais également dans de nombreuses langues étrangères telles que l’allemand, le hongrois, le turc, le suédois, le russe, etc., pour indiquer que la voyelle se prononce différemment, ou l’espagnol pour indiquer que la voyelle se prononce bien après un g (comme dans lingüística, alors que dans la graphie « gui », sans le tréma, le u ne se prononcerait pas).

En français, le tréma se place sur une voyelle pour indiquer que la voyelle qui précède doit être prononcée séparément et ne fait pas partie d'un digramme (deux lettres qui, sans cela, formeraient un seul son, comme dans voir, cour, pair).

Prenons l’exemple du mot « maïs ». Sans le tréma, la combinaison de lettres « ai » dans « mais » se prononce « è », ce qui rime avec « mai ». Avec le tréma, on prononce séparément les lettres a et i : ma-hisse. De la même manière, sans son tréma, héroïne se prononcerait « é-roi-ne », qui rimerait avec « avoine » ; laïque se prononcerait « lè-ke », comme « chèque » ; naïf rimerait avec « nef » et naïve avec « glaive ».

Le tréma peut se placer :

- au-dessus d'un e, d'un i ou d’un u dans certains adjectifs, adverbes, interjections (aiguë, naïf, naïvement, aïe), noms communs (canoë, aïeul, capharnaüm), noms propres (Israël, Loïc, Emmaüs) ;

- au-dessus d'un y dans certains noms propres (toponymes ou patronymes) : Aÿ, L'Haÿ-les-Roses, Pierre Louÿs, etc. ;

- au-dessus d'un a, d'un o ou d'un u dans des emprunts à des langues étrangères dont on a gardé l'orthographe (Länder, maelström, angström, müsli).

Le tréma interdit en pratique de prononcer deux lettres en un seul son, mais il y a toujours des exceptions, notamment lorsque la seconde voyelle est surmontée d’un accent aigu ou grave.

Par exemple, on ne met pas de tréma :

- sur le e de : coefficient, coexistence, goéland, goélette, goémon, Groenland, Ivanhoé, israélien, moelle, paella, poêle, poème, poésie, poète, troène, etc.

- sur le i de : absentéisme, athéisme, coincer, éblouir, Hanoi, Hawaii, kaléidoscope, oui, ouistiti, pléiade, Pompéi, protéine, Saigon, séquoia, etc.

Remarquons au passage que "haïr" est le seul verbe qui contient un tréma. Il le conserve dans les formes conjuguées (haïssez, haïra, haïrait, haï), sauf aux trois personnes du singulier de l'indicatif présent (je hais, tu hais, il hait) et à la deuxième personne du singulier de l'impératif (hais).

Le tréma sur une voyelle a aussi servi autrefois à indiquer que celle-ci était muette. On garde une trace de cette règle ancienne dans certains noms propres : Madame de Staël (prononcer « Stal »), Camille Saint-Saëns (prononcer « Saint-Sansse »).

Pour finir, il faut préciser que les rectifications orthographiques du français en 1990 recommandent, pour les mots aiguë, ambiguë, ambiguïté, béguë, bisaiguë, ciguë, contiguë, exiguë et exiguïté, que le tréma soit placé sur le u et non plus sur la voyelle muette qui le suit. On devrait donc maintenant écrire aigüe, ambigüe, ambigüité, bégüe, bisaigüe, cigüe, contigüe, exigüe et exigüité.

Toujours dans la même optique, elles recommandent également que crapahuter, arguer, gageure, mangeure, rongeure et vergeure soient remplacés par les graphies à tréma crapaüter, argüer, gageüre, mangeüre, rongeüre et vergeüre.

Mais bien sûr, on n’est obligé de suivre ces nouvelles règles…

Principaux mots avec un tréma

adénoïde , aï, aiguë , aïeul , aïeux , aïoli , alcaloïde , ambiguë, ambiguïté , androïde, anthropoïde , arachnoïde , archaïque , archaïsme , astéroïde , Azerbaïdjan, baïonnette , balalaïka , barzoï , bizarroïde, bonsaï , caïd , caïeu , Caïman, caïman , Caïn , camaïeu , canoë , capharnaüm , caraïbe, Caraïbes, Celluloïd , ciguë , cocaïne , cocaïnomane , coïncidence , coïncident , coïncider , coïnculpé , coït , colloïdal , colloïde , contigüe , contiguïté , corticoïde , dadaïsme , dalaï-lama , Dubaï, égoïne , égoïste , égoïstement , ellipsoïdal , ellipsoïde , exiguë , exiguïté , faïence , faïencerie , Gaël, glaïeul , goï , Gwenaël, haïr , haïssable , Haïti, Hawaï*, hautboïste , hébraïque , hélicoïdal , héroïne , héroïne , héroïsme , humanoïde , inouï , introït , Ismaël, Israël, Joël, judaïque , Judicaël, kafkaïen/enne , Koweït, laïc , laïcisation , laïciser , laïcité , laïque , laïus , maïs , maoïsme , maoïste , métalloïde , Michaël, Moïse, moïse , mongoloïde , monoïque , mosaïque , naïade , naïf/ve , naïvement , naïveté , Nathanaël, Noël, Noël(le), oïdium , ouï-dire , ouïe , ouïr , ovoïde , païen/enne , paranoïa , paranoïaque , perestroïka , phalloïde , prosaïque , prosaïquement , prosaïsme , raïs , Raphaël, Rhodoïd , rhomboïde , röntgen, Saint-Saëns, sinusoïdal , sinusoïde , skaï , spermatozoïde , Madame de Staël, stoïcien/ne , stoïcisme , stoïque , stoïquement , tabloïd , taïaut, taïga , Thaïlande, Taïwan, thyroïde , trapézoïdal , trisaïeul/e , troïka , typhoïde , voltaïque , Zaïre.

* Hawaï peut aussi s’écrire avec deux i : Hawaii.