QUAND LE E SE PRONONCE A  

Un E qui se prononce [a], en voilà une curiosité de la langue française !
Heureusement, les mots concernés sont peu nombreux. On trouve tout d’abord les adverbes en –emment, comme différemment, consciemment, précédemment, prudemment, etc. Le reste se compte sur les doigts de la main :


- « femme » et les mots de sa famille « sage-femme », « femmelette » ;
- « solennel » et ses dérivés « solennellement », « solenniser » et « solennité » ;
- « couenne » et son dérivé « couenneux » ;
- « moelle » et son dérivé « moelleux » ;
- « poêle » qui s’écrit avec un accent circonflexe, et son dérivé « poêlon ».

Le mot « femme » est issu du latin fēmĭna, qui était accentué sur la première syllabe. C’est elle qui restera en ancien français. Le mot sera prononcé avec une voyelle longue [fẽːme], qui s’ouvre ensuite en [fãːme] pour se raccourcir enfin en [fam] après la dénasalisation qui s’est produite au XVIIe siècle.

Bizarrement, le mot « poêle » s’écrit de la même manière qu’il désigne un ustensile de cuisine (mot féminin), un appareil de chauffage (mot masculin) ou le voile tenu au-dessus de la tête des mariés (également masculin). Et pourtant, il s’agit de trois étymologies différentes ayant abouti à une même graphie : l’ustensile de cuisine vient du latin patella, l’appareil de chauffage du latin pensilis et le voile du latin pallium. Indéniablement, il s’agit là d’un cas très intéressant pour illustrer la théorie de l’évolution !